C’est officiel, ma femme est plus forte que moi

C’est fait. J’ai exécuté le grand plongeon. Depuis dimanche dernier, j’habite officiellement avec ma blonde. Bravo à elle, car Dieu sait que ce fut difficile d’agripper le vieux loup solitaire que je suis. Quand tu as été célibataire 12 ans, pas évident de réussir à t’apprivoiser.

Un peu comme faire des paliers lorsque tu fais de la plongée: tu dois prendre une pause à chaque étape de ta relation pour ne pas devenir étourdi. Tout ça, sans compter qu’il y a une job complète de reprogrammation à faire, question de se débarrasser des habitudes de vieux garçon qui ont pris racine. Je dois l’avouer, elle m’a fait réaliser que ce n’est pas une si mauvaise idée que je ramasse mon linge sale qui traîne par terre. Et je ne dis pas ça juste parce que je sais qu’elle va lire mon article.

Ce qui est encore plus merveilleux, c’est de voir comment elle a tout orchestré. Pourtant, j’ai déménagé des dizaines de fois dans ma vie. Mais cette fois-ci, j’avais vraiment l’air d’un chevreuil figé devant les phares d’une voiture sur l’autoroute.

Un défi

J’ai été comme un androïde à qui l’on assigne des tâches à faire, sinon il reste planté là, complètement inutile. Chaque fois que je terminais une tâche, je retournais voir ma blonde pour qu’elle me donne quelque chose d’autre à faire.

Comme je déménage chez elle, le gros de la job, comme on dit, c’était d’aller porter les meubles et boîtes de mon pied-à-terre en ville à la maison dans le nord… où il y a déjà ben des meubles et ben des boîtes. Ma blonde avait en tête de faire la chambre de ma fille dans le sous-sol. En fait, mieux encore, elle voulait que ça devienne comme un mini-appart pour ses amis et elle.

«Ben voyons donc chérie, ça rentrera jamais tout ça», que je lui ai dit.

Ça, c’est la phrase qu’il ne fallait surtout pas dire à ma blonde. Elle en a fait un défi personnel. Il n’était absolument pas question d’échouer. Lorsqu’elle a quelque chose en tête, watch out! J’avais l’impression de regarder un pitbull jouer à Tetris. Je n’ai aucune idée de comment elle a fait, mais oui… tout est entré!

Ne me brusquez pas!

Évidemment, son plus gros défi a été de me convaincre de jeter certains vieux trucs. Je ne sais pas ce que vous avez, mesdames, contre nos vieilles cochonneries, mais sachez que même si elles ont l’air anodines, elles ont toutes une valeur sentimentale, raison pour laquelle elles traînent encore dans la maison.

Puis, ma mère, qui est venue nous dire bonjour, en a rajouté. Elle s’est rangée du côté de ma blonde pour me convaincre de me débarrasser de certains trucs. Ta mère et ta blonde qui sont d’accord sur la même chose, c’est le pire désavantage numérique pour un homme. En fait, tes chances de gagner sont presque nulles.

Mais c’est là que j’ai eu une idée de génie. Prenez-en note, les boys. Avec un air un peu piteux, je leur ai dit: «Arrêtez de brusquer mon passé et tout ce que ça représente pour moi.» Après un moment de silence, elles m’ont regardé et ont répondu, presque simultanément: «Aaah, désolée. T’as raison, ça fait trop de nouvelles choses en même temps.» Et elles sont passées à autre chose.

Je sais que je n’ai pas totalement gagné, que ce n’est qu’une question de temps avant qu’elles ne reviennent à la charge.

Mais, au moins, j’ai gagné la première ronde. Pour ce qui est du reste… à suivre