C’est pas si pire, vieillir

Je suis allé voir le show de mon chum Jean-Michel Anctil la semaine dernière. Au-delà des gags, ce qui est venu me chercher le plus, c’était de voir à quel point mon ami de longue date avait l’air bien dans sa peau. J’ai eu le même feeling lorsque je suis allé voir un autre chum, Stéphane Rousseau, le printemps dernier. Je pourrais ajouter à la liste mes chums François­­ Morency, Massicotte et Mario Jean.

Et qu’est-ce que tous ces boys ont en commun? Ils viennent de franchir la cinquantaine. Oui, le fameux 50. Dans quelques années, Martin Petit et moi allons les rejoindre. De les voir aussi bien, aussi sereins, me rassure. On a beau dire que ce n’est qu’un simple chiffre, que 50 est le nouveau 40, je vous avoue que ça me trotte quand même dans la tête.

Voici qui je suis

Ce qui me frappe le plus quand je les vois sur scène, c’est cette aura de «je n’ai plus rien à prouver, voici qui je suis». Je disais en blague cette semaine­­ que j’apprends plus à connaître mes chums en regardant leurs spectacles que lorsqu’on se retrouve­­ pour jaser.

Est-ce donc ça, le plaisir de vieillir? On peut finalement s’assumer et se foutre du reste sainement? Une chose est certaine, avec cette sagesse vient aussi cette réflexion: «Pourquoi j’étais pas de même à 20 ans?» On se l’est tous dite, cette fameuse phrase. Oui, on se console à savoir qu’au moins on est arrivés à l’étape d’apprécier ce que l’expérience de vie nous apporte.

Peu importe le domaine dans lequel vous êtes, vous avez vécu ces mêmes étapes. Compétitionner avec vos collègues dans la vingtaine. Comparer vos acquisitions avec celles de vos amis dans un festival de trophées superficiel.

Dans la trentaine, c’est la petite famille­­ qui arrive. Même si les valeurs changent et que tu commences à avoir des réponses à tes questions, il reste encore des questions.

Vient ensuite le fameux 40 et sa crise existentielle. Du moins, c’est ce qu’on m’avait toujours dit. Je l’attends encore­­. Pour moi, la quarantaine fut une sorte de libération, comme si plusieurs­­ tourbillons dans ma tête se calmaient tous en même temps. Du jour au lendemain, tu vois les choses différemment­­. Les décisions impulsives que tu regrettes disparaissent­­ tranquillement­­ et lorsque tu fais face à un dilemme, on dirait qu’il y a une seconde­­ de sagesse de plus qui se manifeste avant que tu décides quoi faire.

Bien sûr, tu ne possèdes pas la vérité infuse et les erreurs sont toujours au rendez-vous, mais c’est simplement pour te rappeler que tu es humain, après tout.

La sagesse vient avec l’âge

Alors si je comprends bien la courbe de l’évolution psychique, le meilleur reste à venir. Tranquillement pas vite, tu te transformes en un genre de Yoda… sans la peau verte. Du moins, je le souhaite.

On passe notre vie à chercher l’approbation des autres, leur amitié et même leur amour. On se questionne à savoir ce qu’on peut faire de plus pour être à la hauteur­­ de ce que les autres attendent­­ de nous. On devient comme un petit chien qui branle de la queue quand il obtient­­ cette fameuse­­ approbation.

Mais je reviens à mes chums. Quand tu y penses, avoir cette attitude de «voici qui je suis, donc deal avec» semble l’ultime libération. Dommage que ça prenne autant de temps avant de s’accepter comme on est. Mais quel soulagement ça semble être une fois que tu y es arrivé­­.