Communication 101 avec un ado

On m’avait souvent parlé de la crise d’adolescence. On m’avait dit de bien me préparer mentalement et de m’attendre au pire. Naïvement, je me suis dit que, comme la mienne avait duré jusqu’à 39 ans, j’avais un doctorat en la matière et que j’étais bien préparé pour affronter l’inévitable.

Laissez-moi vous dire que la crise d’adolescence, c’est un peu comme aller à la guerre. T’as beau en entendre parler, regarder des films, mais tant que tu n’es pas dans les tranchées, tu n’as aucune idée de ce que c’est vraiment.

Je vous écris directement de ces mêmes tranchées, comme si je vous envoyais des nouvelles du front. Ma fille de 15 ans est en plein dans sa crise d’ado et elle fait une bonne job en la vivant pleinement.

Forfait complet

Je vous confesse que j’ai trouvé la dernière année difficile. Le forfait complet était au rendez-vous. Les engueulades, les paroles que tu regrettes. Il y avait les moments de grande maturité aussi, incluant les discussions déstabilisantes où tu réalises que ton enfant est bien plus sage que tu ne le croyais.

De l’autre côté, il y a ces chicanes où c’est toi qui gère mal la situation et où c’est difficile de différencier qui est l’adulte et qui est l’ado. Pour ceux qui l’ont déjà vécu, vous connaissez la suite, des remords et de la culpabilité. En plus, quand tu es en garde partagée, tu ne peux pas te reprendre le lendemain, faut que tu attendes la prochaine fois que tu la reverras.

Des vacances

Donc, lorsqu’est venu le temps de nos vacances ensemble, je me suis dit qu’un petit road trip nous ferait du bien. Direction Washington pour aller visiter ma sœur et voir du baseball en chemin. Avant que vous pensiez que le baseball, c’est pour torturer ma fille, dites-vous que c’est elle qui le demande. Lorsqu’on est tous les deux assis dans un stade ensemble, c’est comme notre moment à nous où le temps s’arrête et que l’on regarde le match en paix.

Je me suis dit aussi que les 10 heures de route pour s’y rendre nous donneraient amplement de temps pour jaser. En plus, on a fait un deal: elle laisserait son attitude d’ado à Montréal et je ferais la même chose avec mon caractère de merde (des fois, hahaha). C’était le plan parfait.

Eh bien! ça ne faisait pas deux minutes qu’on était en voiture que, déjà, elle avait ses écouteurs sur les oreilles. Sincèrement, ça ne me dérangeait pas tant que ça, car l’autre option aurait été d’écouter du hip-hop pendant des heures, alors que les Foo Fighters et le reste du bastion rock se seraient vu refuser l’accès au iPhone.

Aucun problème, il me reste encore des centaines de kilomètres pour trouver le temps et, mieux encore, pour mettre au clair dans ma tête tout ce que je voulais lui dire.

Nous nous sommes arrêtés à Harrisburg pour couper la route en deux et aller voir notre premier match de baseball, le club-école du niveau AA des National de Washington. En nous dirigeant vers l’hôtel après le match, Livia s’est endormie. Je la regardais dormir comme quand elle était une gamine et je pouvais juste pas croire à quel point le temps passe vite. Je sais que c’est un des plus grands clichés, mais fallait que je le dise.

Ce qui me fait un peu paniquer, c’est que ses ailes pour quitter le nid familial sont presque rendues à maturité et que c’est dans moins de deux ou trois ans qu’elle va s’en servir pour partir découvrir la vie… SA VIE!

Et c’est là que j’ai pris une grande décision… arrêter de me sentir coupable de tout.

Je vous en raconte plus la semaine prochaine.