La raquette nouveau sport extrême

J’ai une forêt qui s’étend sur des kilomètres derrières chez moi et l’hiver quand je veux mettre la switch à off, c’est le sanctuaire idéal. Pendant des heures, c’est la tranquillité pure, seul le bruit de mes raquettes qui foulent la neige brisent ce silence parfait. Dans ces moments, je me sens tellement déconnecté de tout que j’ai l’impression d’être un Sasquatch qui fuie la société. Quoi que je serais probablement le seul Sasquatch chauve, mais ça c’est un autre sujet.

Un jour, juste avant de partir, je parlais à un de mes chums qui me dit:
– « Fait attention quand est loin dans le bois de pas croiser un ours »
– « De quoi tu parles? Les ours hibernent l’hiver »
– « En général mais pas tous…  »

Je vous dévoile que ça m’arrive d’être naïf et malheureusement, pas juste un peu. Je sais qu’il niaisait mais d’un coup que c’est vrai, d’un coup qu’il y a une sorte d’ours spécial qui est réveillé l’hiver? Et même s’ils hibernent tous, il doit bien en avoir un qui fait de l’insomnie de temps en temps.

Et c’est là que j’ai réalisé qu’y a rien de plus facile à dévorer qu’un gars en raquette… impossible de te sauver quand tu as ça dans les pieds. C’est une trappe à humain.

Alors c’est avec ça en tête que je suis parti. Les conditions étaient idéales. Pas trop froid, et en plus c’était un lendemain de tempête donc la nature en plein festival de sculpture hivernal… le bonheur parfait.

C’est la première fois que je me promenais dans le bois en étant un brin nerveux. J’essayais d’oublier les conneries de mon chum mais en même temps, je ne pouvais m’empêcher de me dire: « D’un coup que… ». Juste comme je commençais à relaxer, bien tranquille devant un immense sapin couvert de neige, j’ai vu du coin de l’oeil, cette immense patte noire se rabattre sur mon visage. Tout l’air de mes poumons est sorti en même temps pour se transformer en cri de petite fille de 12 ans qui rencontre Justin Bieber.

J’étais sur le point d’accepter mon sort et de mourir d’une mort cruelle et brutale quand j’ai vite réalisé que… c’était le vent qui avait souffler mon foulard sur mon visage. Je n’ai jamais été aussi content d’être seul. Tant qu’à être la personne la plus ridicule de la Terre, moins y a de témoins mieux c’est.

Sur le chemin du retour, pensant que le pire était derrière moi, j’ai croisé la rivière qui coule derrière chez moi. En fait, c’est plus un gros ruisseau mais bon. Comme on était en plein janvier, j’ai pris pour acquis que la glace était dure… quelle erreur!!! J’avais à peine commencé à le traverser, que j’ai entendu un des pires bruits au monde… celui d’un gars en raquette qui passe à travers la glace.

Du coup je me suis retrouvé dans l’eau la plus glacial qui m’arrivait jusqu’en haut des cuisses. Je me souviens encore que ma première pensée a été: « Tu me fuc*&$#! » niaise… c’est pas comme ça que je vais mourir?!!! ».

J’ai réussi à me sortir de l’eau grâce à un mélange de panique, d’adrénaline et de l’orgueil d’un gars qui refuse d’être le punch d’une anecdote de raquette. Heureusement que je n’étais pas trop loin de la maison, j’ai pu revenir avant que mes jambes ne deviennent que deux gros pop cycle et que je sois obligé de ramper jusque chez nous.

Pendant que je décompressais de mon périple en buvant mon chocolat chaud bien mérité, je me souviens que la seule chose qui me revenait en tête c’était: « Je peux pas croire que j’ai failli mourir…en raquette! »