Les leçons de vie

Lundi 13 février dernier, j’ai fêté 28 ans de carrière. Je sais, je devrais peut-être commencer à mentir sur mon âge d’humoriste, car ça ne me rajeunit pas. Faut dire que j’ai commencé lorsque j’avais 19 ans, mais bon, ça n’aide pas ben ben.

Ironiquement, cette célébration a suivi un court séjour à Moncton au Festival Hub Cab, même endroit où j’étais pour fêter mes 20 ans. Aucun parallèle à faire entre le piètre état de ma carrière il y a huit ans et toutes les belles choses qui m’arrivent présentement.

Je me souviens très bien de mon premier show à vie au Rumor’s Comedy Club de Winnipeg. C’était aussi un lundi, en 1989. Après presque un an comme placier dans l’endroit à achaler mes boss pour monter sur scène. C’est à 14 h que j’ai appris que j’animais ce soir-là. J’ai vite ramassé tous les bouts de napkin sur lesquels j’avais écrit des gags et go, direction le club.

Quel départ mémorable! J’ai réussi à me faire huer trois fois dans un court laps de temps. Après mon désastre, on m’avait dit que, si je n’étais pas meilleur d’ici mercredi, on me trouverait un remplaçant. Vingt-huit ans plus tard, le même ti-cul est encore debout sur un stage.

Belles choses

Impossible de résumer toutes les belles choses qui se sont passées depuis mes débuts. Ce n’est pas le nombre de billets vendus ou toutes les apparitions à la télé qui décorent nos carrières.

Non.

Je me souviens de la fois où j’ai fait la première partie des Colocs à Waterloo et où j’ai rencontré Dédé pour la première fois. Il était assis tranquille dans un coin de la loge en train de gratter sa guitare.

Je n’oublierai jamais la fois où j’ai eu le grand honneur de dîner avec Yvon Deschamps. Le plus drôle, c’est que c’était le jour de ma fête et que j’étais trop gêné pour lui dire.

Faire le Forum avec Jean-Marc Parent, roder mon show en France dans des petits théâtres de 60 places ou l’autre extrême, faire un show avec Éric Lapointe au Festival des Mongolfières devant 55 000 personnes.

Et quel est le plus grand crime que j’ai commis pendant toutes ces années? Tenir ces choses pour acquises, par moment, négliger le talent qu’on m’a donné ou simplement faire ma princesse et chialer pour le plaisir de le faire.

Et malgré le fait que je suis en train de vivre les plus belles années de ma carrière, je me surprends par moments à trouver une façon de me plaindre. Lorsque je vous dis que les gens que j’ai croisés ont formé la personne que je suis aujourd’hui, j’en ai eu la preuve encore le week-end dernier.

Pendant mon séjour dans les Maritimes, on a fait un spectacle à 12 h 30 dans une école à Halifax devant 80 personnes.

Pendant que je chignais sur la situation, Mike Patterson, cet humoriste anglophone qui fait des shows en français avec son accent hyper prononcé, m’a regardé avec toute sa joie de vivre et m’a dit:

– Max, comment peux-tu chialer? On nous paye pour faire la chose que l’on aime le plus au monde. Je me dis tout le temps que peu importent les conditions du show, c’est une journée de plus où la vie me donne la chance de jouer devant des gens qui se sont déplacés pour écouter mes conneries.

Et bang! Dans les dents, comme on dit.

Malgré la petite foule, le show a été simplement magique. Grâce à Mike, je suis monté sur scène avec le plus gros sourire au monde. Plus jamais je n’oserai me plaindre des conditions d’un show sans penser à ces paroles sages.

Comme quoi, les leçons de vie n’arrêtent jamais …