Les aînés

Pendant des siècles et des siècles, les ainés étaient les piliers de la famille voir même de la société. On puisait dans leur sagesse, c’est eux qui gardaient l’histoire d’un peuple en vie. Ils nous inculquaient traditions et coutumes ainsi que les grandes mégardes qui nous attendaient, basé sur les erreurs de leur propre vécu. Toujours avec raison? Bien sûr que non mais au moins on avait une base.

Alors quand est-ce que ça s’est perdu tout ça?

Je vais y aller avec une confession personnelle.
Quand je me retrouve entouré de vieilles personnes, ça me confronte à ma propre mortalité. Je vie dans un dénie total et refuse presque de faire face à ce qui m’attend un jour.

J’essaye de chasser les images de mes capacités qui s’affaiblissent, de ma démarche qui ralenti. Je stress sur les maladies qui m’attendent, les mauvaises nouvelles que le médecin va m’annoncer mais surtout, les activités de mon quotidien auxquelles je vais être obligé de renoncer car je ne serais tout simplement pu capable de les faire.

Comme plusieurs, je suis un hypocrite!
Je suis carrément outré par les histoires d’abus sur les vieux, de négligence par rapport à leurs soins et le plus triste de tout, l’abandon total des ces vétérans de la vie, qui ne deviennent qu’une simple présence sur un portrait de famille. Mais pendant que je me console à me dire que j’ai le cœur à la bonne place en soulevant tout ça… j’essaye de me souvenir c’est quand la dernière fois que j’ai appelé ma grand-mère pour prendre de ses nouvelles?

Où sont les mercis pour les pouding chômeurs réconfortant, l’argent toujours glissé à l’intérieur d’une carte d’anniversaire et les cornets de crème glacée dont ils fallait pas parler à maman et papa?

On est plein de contradiction car on rechigne à l’idée d’être vieux un jour mais lorsqu’on croise quelqu’un qui a 90 ans, on se souhaite tous de se rendre jusque là.

Mais hier, en profitant de la belle journée, j’ai croisé un vieux monsieur de 80 ans qui s’est mit à me parler et je vous jure, j’ai rarement ri comme ça. Voici quelques perles qu’il m’a lancé:

– Y a quelqu’un qui a déjà dit que les vieux pensaient moins à la mort. Faut tu être assez épais pour dire ça!!! Voyons dont… quand t’as besoin d’aide pour prendre ton bain, que ça te prend 1/2 t’habiller et que tu portes une couche… tu te doutes ben qu’il t’en reste plus pour longtemps.

– À 80, il te reste juste le sexe. Ben beau le Viagra sauf que quand tes options sont des femmes de 80 ans, qu’est-ce que tu veux faire avec une érection de 3h 1 /2? Y a plus de chance que tu tues la bonne femme que d’autres choses

– Le cancer… bonne chance le grand.
Si tu peux trouver des organes qui sont pas déjà amochés, amuses-toi avec ce qu’y reste.

– Une des choses qui est plate quand t’es vieux, c’est ta lenteur.
Tout le monde te dépasse, tout est plus rapide que toi. T’apprécie les journées venteuses juste pour avoir le plaisir de marcher plus vite.

Quelle rencontre formidable!

Je suis parti en me disant que malgré les bobos et les douleurs, malgré la tristesse de voir tes capacités s’affaiblirent, si tu es capable de garder ton sens de l’humour jusqu’à la fin de tes jours… du coup j’ai beaucoup moins peur de vieillir!