New York, New York

J’ai passé le week-end dernier à New York pour participer au demi-marathon. Je suis descendu en voiture avec une de mes amies. Elle a eu un meilleur temps que moi, donc je l’ai laissée revenir en bus (je niaise).

Vendredi soir, on est allés au restaurant.

Évidemment, on parlait français, et le couple à côté, qui devait présumer qu’on ne comprenait pas l’anglais, a dit:

«Me semble qu’elle est trop belle pour lui.

– Ça veut dire que soit il est riche, soit il a un gros pénis.»

Et je me suis rendu compte que je suis très à l’aise avec ces deux perceptions.

Dimanche matin, je me suis dirigé vers le départ, dans Central Park. Pour la première fois de ma vie, il a fallu que je passe à travers un détecteur de métal pour participer à une course. C’est assez particulier de voir des gens habillés pour jogger passer à travers ces machines. Mais du coup, tu penses automatiquement à des événements comme le 11 Septembre ou le marathon de Boston.

Pendant quelques secondes, je me suis même surpris à penser: «Est-ce que c’est aujourd’hui que je vois en personne toutes ces images que j’ai vues à la télé?» Cette pensée n’a traversé mon esprit que pendant quelques secondes, mais c’était juste assez pour que ça m’enrage. Je vis dans un monde où une simple course peut se transformer en tragédie. Belle main d’applaudissement pour l’humanité.

Dernier point sur ma course: après seulement deux kilomètres, l’envie de pisser m’a pogné. Je me suis dit que j’allais attendre les prochaines toilettes chimiques et me retenir de le faire dans le parc ou sur le coin d’une rue. Finalement, c’est au huitième kilomètre qu’elles sont apparues, mais comme j’étais sur un bon rythme et que je courais même plus vite que d’habitude, je me suis dit que j’allais attendre encore un peu.

Au 15e kilomètre, je croise d’autres toilettes, mais, en regardant ma montre, je me suis rendu compte que si je maintenais ce rythme, j’avais des chances de battre mon record personnel… Pas le choix, on se retient. Résultat: j’ai battu mon meilleur temps de plus de trois minutes. Comme quoi, avoir envie est une grande motivation pour finir une course. Je suis juste pas sûr d’utiliser le même stratagème pour ma prochaine course.

Dans un autre ordre d’idées, je suis allé voir le show de Green Day cette semaine. Il n’y a rien comme du bon vieux punk rock des années 1990 pour me faire sentir comme si je portais encore mes jeans troués et que j’avais encore des cheveux. Comme la tradition le veut, je me suis acheté un t-shirt du groupe que j’ai vite enfilé avant le début du spectacle. Tout le monde dans ma section avait eu la même idée et on avait l’air de la section la plus groupie de la place.

Sauf un gars, deux rangées devant moi, qui était habillé en veston-cravate. À un show de Green Day, ça ne se fait juste pas. Ça tue l’image anarchique de mon adolescence.

Pour le spectacle, j’avais d’excellents billets. J’étais à une dizaine de mètres de la scène. Le chanteur du groupe, Billie Joe Armstrong, s’est approché de notre section en criant: «Tout le monde les bras dans les airs!» Tout le monde l’a fait sauf moi, évidemment. Pendant deux secondes, les yeux de Billie Joe ont croisé les miens et j’ai vu son regard de: «C’est quoi, ton problème?!» Je vous avoue que, pendant deux secondes, j’ai eu peur. Et, oui, mes bras se sont vite levés dans les airs.