On en parle encore, heureusement

Je n’ai pas le choix de revenir sur les différents scandales sexuels qui ont éclaté dans les dernières semaines. L’encre continue de couler, et c’est tant mieux. Nous devons tous saisir cette occasion pour nous regarder dans le miroir et opérer des changements dans notre société.

Peut-être pourrons-nous, pour une rare fois, utiliser le terme « évolution ».

Évidemment, et sans surprise, l’heure est aux cris d’alarme, de révolte, de peine et de frustration. Réaction normale ! On est tous debout, roche à la main, prêts à lapider les coupables. C’est peut-être une image barbare, mais elle décrit bien l’atmosphère qui règne en ce moment.

Hier, sur Facebook, un message qui circulait m’a interpellé. Malheureusement, son auteur n’était pas identifié. C’est bien dommage, car j’aurais aimé lui donner le crédit.

Ce message était une réponse à ceux qui affirment que tous les humoristes étaient au courant de l’affaire Gilbert Rozon, ce qui est absolument faux, mais je n’ai pas envie de m’embarquer dans ce débat. L’auteur du message disait que si on veut jouer à pointer le doigt, les gens du public ont aussi leur responsabilité. Tous ceux qui ont acheté des billets pour les galas Juste pour rire ou qui les ont regardés à la télé, sachant que Gilbert Rozon avait plaidé coupable à une agression sexuelle en 1998, devraient s’abstenir de donner des leçons.

Mais ce que j’ai surtout adoré lire, c’est la suite, que voici : « Maintenant, est-ce qu’on peut arrêter de se pointer du doigt et se concentrer sur l’essentiel ? Il y a une crise à gérer. Il y a des victimes à sortir de la bouette. Si on travaillait ensemble pour trouver des solutions au lieu de se pointer du doigt. » Ça ne pourrait être plus juste.

Prise de conscience

On s’est rencontrés entre humoristes cette semaine. On était environ 70. Durant la première heure de cette rencontre, on a écouté nos consœurs nous parler de leur réalité. On savait tous que c’était plus difficile pour elles de dealer avec les comportements de certains hommes, chose à laquelle nous, les gars, n’avons pas à faire face.

Ce qu’on avait tristement sous-estimé­­­, c’était le degré de gravité du problème. Je vous confirme que le silence régnait dans la salle. Inutile de vous dire que tous les hommes présents se sont posé bien des questions. Les prises de conscience étaient presque palpables. Clairement, la définition du consentement sexuel n’est pas universelle.

Une onde de choc

De mon côté, je n’arrêtais pas de penser à Sophie Moreau, victime alléguée de Gilbert Rozon. Je la connais depuis plus de 25 ans. J’ai souvent soupé avec elle et son chum, qui est un bon ami aussi. Même dans les soirées bien arrosées, elle ne m’a jamais parlé de ce qu’elle avait vécu.

Ça me donne une fenêtre sur ce qu’une femme doit affronter après avoir été victime de viol ou d’agression sexuelle. Surtout celles qui l’ont fait dans le silence.

L’impact de ces révélations est incroyable. Ça touche toute la population. Dans cette grande période de réflexion, de prise de conscience et d’introspection, ce que je souhaite, c’est que nos bonnes intentions ne soient pas qu’une mode temporaire.

Ce serait le fun de voir l’expression « évolution de l’humanité » prendre tout son sens.