Retour aux sources

Pendant ma tournée sur la Côte-Nord la semaine dernière, j’ai vécu une des plus belles expériences de ma vie. Lors de mon passage à Sept-Îles, René-John Fontaine, intervenant pour la communauté Uashat Mak Mani-Utenam, m’a invité à faire une conférence pour une communauté innue où la consommation de «speed» est un grave problème.

Pour me remercier d’être venu partager mon passé de toxicomane avec eux, les gens de la communauté m’ont offert de vivre une cérémonie de sudation, la version autochtone d’un sauna. Je vous confirme tout de suite qu’on est loin des spas traditionnels avec la robe de chambre et les petites pantoufles blanches.

J’étais honoré, mais aussi très excité à l’idée de vivre cette expérience spirituelle et d’avoir le privilège de côtoyer les grands esprits de nos ancêtres.

J’ai fait la rencontre de Yann Vollant, l’un des guides spirituels de la communauté. La tente de sudation se trouvait dans une cabane de bois avec un foyer de pierre dans le sol. À l’extérieur, on chauffait littéralement les pierres dans un grand feu. Comme le sol est couvert de branches de sapin, une douce odeur de sapinage nous accueille à l’arrivée.

Avec un simple short pour me couvrir, je suis entré. J’avais hyper hâte, mais pour une raison quelconque, j’étais aussi nerveux. C’est probablement parce qu’on m’avait prévenu que le tout durerait quatre rondes, qu’on n’arrêtait pas de me dire à quel point ça allait devenir chaud et que rares sont ceux qui franchissent toutes les étapes la première fois. Du coup, mon orgueil était piqué et je me répétais sans cesse: «Peu importe ce qui arrive, faut pas que tu sois le premier à sortir!»

J’étais tassé entre des hommes à ma droite et des femmes à ma gauche alors que la première pierre pour dire bonjour aux grands esprits chauffait au milieu du feu. Yann a pris le temps de m’expliquer la symbolique à chaque instant de la cérémonie. Huit autres pierres ont été ajoutées et la chaleur est rapidement devenue la vedette.

Spiritualité

Mais dès que les participants se sont mis à chanter au son du tambour, dans leur magnifique langue, mon esprit est parti en voyage avec eux. J’ai rarement été autant transcendé et touché en même temps. Le respect qu’ils ont pour leurs ancêtres et leur reconnaissance pour la terre et tout ce qu’elle nous offre m’ont poussé à réfléchir à tous ces «mercis» qu’on néglige de dire au quotidien.

Dans le temps de le dire, j’étais rendu à la troisième étape. La fierté de m’être rendu aussi loin était bien apparente sur mon visage. Ce n’était pas par orgueil d’avoir «toughé» aussi longtemps, c’était avant tout parce que je ne voulais pas rater une seconde de ces incantations spirituelles.

Je vous confesse que je suis sorti le premier de cette troisième étape qui teste ta tolérance au maximum. Mais ils n’ont pas eu à insister bien longtemps pour que je retourne à l’intérieur compléter la dernière étape.

Je suis toujours à l’affût des célébrations, prières, cérémonies ou simples lectures qui approfondissent notre quête spirituelle et alimentent l’âme, toujours à la recherche du «pourquoi». Ce que j’ai vécu avec Yann et cette merveilleuse communauté de la Côte-Nord se démarque particulièrement.

Dommage qu’il existe encore une barrière invisible entre les Premières Nations et l’homme blanc, car dans ce monde où chaque jour nous sommes témoins de drames dénués de sens, comme ce qui s’est passé à Orlando, je me dis qu’un peu plus de spiritualité ne ferait de tort à personne.