Rien faire

Combien de fois est-ce qu’on se dit: en fin de semaine, je fais rien? Mais, arrivé dimanche soir, on finit en se disant: voyons donc, j’ai même pas eu deux secondes pour moi! Il y a quelques semaines, pour la première fois depuis très longtemps, j’ai finalement réussi à tenir cette promesse.

Eh bien, le week-end de Pâques, j’ai réussi l’impossible… Exactement ça: ne rien faire!

Évidemment, il a fallu que je lutte contre mon pire ennemi, c’est-à-dire ma tête. Plusieurs fois, je me suis surpris­­ à penser:

– Je pourrais aller voir une game de baseball à Toronto.

– Me semble que ça fait longtemps que j’ai pas vu mes chums. Oui, je m’organise une couple de soupers.

– Je pourrais aussi aller voir du hockey aux États-Unis (oui, je sais, j’ai une obsession avec les voyages sportifs).

Il y a même un moment donné où je me suis surpris à dire à voix haute: Sérieux­­, Max, ta gueule, TU FAIS RIEN! Et s’en est suivi un rire à pleine gorge. Dire «ta gueule!» à soi-même, c’est assez magique comme moment.

Pendant tout ce week-end, avec beaucoup de concentration, j’ai consacré toute mon énergie à ne rien faire. Oui, je sais, ça fait bizarre. Samedi­­ matin, je me suis levé à 7 h comme tous les matins. Maudite horloge­­ biologique, elle n’a pas un snooze, elle? En geste de protestation de mon réveil trop tôt, j’ai décidé d’écouter la télé dans le lit et, pour être sûr de n’avoir aucune pensée d’adulte responsable, j’ai écouté un film d’animation.

À mon grand bonheur, 30 minutes plus tard, je me suis rendormi. Le sommeil m’a accueilli avec un: «Cool­­, t’es revenu faire un tour, fais comme chez vous Dude, on fera pas de bruit.»

À mon réveil, je me suis dit que tant qu’à être à la campagne, aussi bien aller­­ courir et profiter de l’air frais. Je sais, ce n’est pas rien faire, mais la vie me tendait un piège. Juste comme j’attachais­­ mes runnings, qu’est-ce que j’ai vu commencer à la télé? Karaté Kid! Pas le choix de l’écouter, ça serait manquer de respect à M. Miyagi. Quel plaisir de retrouver Wax on Wax off.

Vélo ou non

Le lendemain, j’avais du vélo sur ma liste d’entraînement, et après, une course. Loi de Murphy au rendez-vous, dès que j’ai débarqué mon vélo de son rack, il s’est mis à pleuvoir. Dans le temps de le dire, j’étais couvert de boue et instantanément, j’étais un ti-cul de quatre ans dans son carré de sable. Durant ma course, je me suis mis à sauter dans chaque flaque d’eau que je croisais, en lâchant un petit rire enfantin chaque fois. Quelle pure joie, quelle dose­­ de bonheur.

Tous les psys devraient conseiller ça à leurs patients: sauter dans une flaque d’eau. Meilleur que bien des pilules­­.

Le reste de mon week-end se résume à me bourrer de Nachos à la Cage Aux Sports, manger des bonbons en jouant au XBox pendant quatre heures, chose que je n’avais pas faite depuis longtemps. Encore plus jouissif, c’est de le faire sans se sentir coupable.

On passe notre temps à essayer de trouver un trou dans notre horaire pour décrocher. On se vante d’avoir réussi à méditer dans le silence pendant 10 minutes. On pense que les nouvelles racines ou graines péruviennes qu’on a trouvées au marché de produits­­ naturels vont aider à nous faire­­ relaxer le cerveau.

Bel essai, mais y a rien qui bat le vrai remède… Rien faire. Ça guérit ben des bobos!