Décès du copain de sa fille: la vie continue

Il m’est impossible de ne pas revenir sur le triste décès de Clément Ouimet, ce jeune cycliste qui était aussi le copain de ma fille, happé à mort par une voiture il y a une dizaine de jours. Je veux vous en reparler parce qu’il y a une phrase que j’ai écrite dans ma chronique de la semaine dernière qui me hante.

Je disais que je me sentais impuissant parce que dans ce moment tragique, il n’y avait rien que je puisse dire ou faire pour réconforter la famille de Clément et ma fille Livia. Aucun mot ne pouvait apaiser leurs douleurs. Mais, en y repensant, je réalise que c’est lâche de ne pas, au moins, essayer.

Je réalise qu’au contraire les seules armes qu’on a pour passer au travers de tout ça, ce sont les mots. Les mots ont le pouvoir de créer des pensées positives et de mettre un léger baume sur les cœurs qui saignent.

La terre continue de tourner

Le lendemain du décès de Clément, je me suis retrouvé à passer devant le mont Royal, le lieu de l’accident. Je regardais tous ces gens heureux qui allaient s’amuser sur la montagne et je trouvais ça injuste qu’ils ne ressentent pas notre douleur. Et c’est là que ce grand cliché m’a frappé : la vie continue.

On essaye tous de trouver un sens à ce qui est arrivé, mais ça ne sert à rien. C’est insensé. Ce qu’il faut, c’est plutôt essayer de donner un sens à nos vies à nous, parce qu’elles continuent. Aussi bizarre que cela puisse paraître, durant cette épreuve, de belles choses se sont produites.

Tout l’amour et le soutien qui ont été donnés aux parents de Clément et à ma fille me prouvent à quel point l’humain peut aimer fort, à quel point on est capables d’oublier nos problèmes quand quelqu’un a besoin qu’on l’aide à oublier les siens. Clairement, on a ça très profondément en nous.

Mais pourquoi est-ce que ça prend toujours un drame pour qu’on se souvienne qu’on est des êtres profondément altruistes ? C’est la question que je me pose. Pourquoi est-ce que ce n’est pas notre mission quotidienne ? Pourtant, il nous est tous déjà arrivé de faire passer les besoins de quelqu’un d’autre avant les nôtres. On sait tous à quel point ça fait du bien et c’est valorisant. Beaucoup plus que quand on pense juste à nous. Dites-le-moi si je me trompe. Alors comment ça se fait que ce ne soit pas un automatisme ?

Une grosse dose d’amour

Dans la dernière semaine, j’ai tellement vu de belles actions que je ne peux plus les compter. Je manquerais d’espace pour toutes vous les raconter. Même si on savait tous qu’on ne pouvait enlever ni porter la douleur des proches de Clément, plusieurs ont essayé de mettre un peu de baume magique sur leurs plaies. C’est, de loin, l’une des plus belles démonstrations d’amour dont j’ai été témoin dans ma vie.

Mais la palme revient aux amis de Clément et de ma fille. Tous ces jeunes se sont soudés ensemble pour passer à travers cette épreuve insensée. Leur soutien l’un pour l’autre nous a laissés sans mots, nous, les parents. Dans le fond, c’est nous qui devrions les consoler et ce sont eux qui nous font du bien avec leur amitié inébranlable les uns pour les autres.

Depuis cet événement dramatique, le soleil n’a plus la même lueur qu’avant, il ne brille plus aussi fort. Mais ce qui me rassure, en voyant toutes ces démonstrations d’amour, c’est que je sais qu’il va recommencer à briller un jour. Il ne sera plus jamais pareil, mais il brillera à nouveau.